Le roi du Silence

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Quand j’étais à l’école maternelle, ma maîtresse nous faisait jouer à un jeu qui s’appelait « le roi du silence ». Chacun notre tour, nous devions aller au centre de la classe pour ramasser un énorme trousseau de clefs tout en faisant le moins de bruit possible. Evidemment, les autres ne faisaient (en théorie) pas de bruit non plus pour écouter si l’enfant qui ramassait le trousseau réussissait ou pas. Quand j’y pense, ce jeu devait être une bénédiction pour l’institutrice (qui était géniale, soit dit en passant).

Depuis que Coquillette est née, j’ai l’impression de disputer une partie de Roi du Silence perpétuelle. Ou du moins, à chaque fois qu’elle dort. On dit souvent que lorsque les bébés sont endormis, la terre peut s’écrouler autour d’exu ça ne leur fera ni chaud ni froid. Euuuh… je ne sais pas pour vous, mais pas la mienne en tout cas ! A la maison, il y a donc de nouvelles règles :

– le soir, quand on monte à l’étage des chambres pour aller se coucher, on le fait en chaussettes. Pas de chaussons à semelles, trop bruyants, et pas de pieds nus non plus, ça fait des espèces de plocs sur le parquet

– quand on met la télé alors qu’elle dort, on met le son le moins fort possible

– nos portables ainsi que le téléphone fixe sont en silenceux (mode vibreur pour les portables mais attention à ne pas les poser sur une surface dure ! ou sinon BZZZZZZ) même en journée au cas où elle s’endormirait dans son transat. Je ne me souviens même plus quelle est la sonnerie de mon portable…

– on se surprend bien souvent à chuchoter une fois que Coquillette est couchée, même si on est à l’étage en dessous et qu’elle ne nous entend probablement pas

– quand je fais à manger pour nous le soir, chaque mouvement est calculé pour faire le moins de bruit possible : ouvrir la porte du frigo sans qu’elle grince, prendre une casserole dans le tas sans le bruit qui va avec, mettre la table, etc…

Ces règles qui n’en sont pas vraiment se sont instaurées d’elles mêmes, sans qu’on en prenne vraiment conscience. C’est quand on va chez les autres ou que des amis viennent à la maison qu’on réalise à quel point les décibels ont diminué chez nous. Je suis à chaque fois surpris du volume des sonneries de leurs téléphones portables, du bruit de leurs talons qui claquent sur le carrelage, de leurs voix qui me paraissent si fortes et de leurs rires tonitruants. Je me retiens de leur dire « chhuuuut !!! » parce que je veux pas passer pour une chieuse et là il se passe un truc très étrange : en fin de compte on se laisse aller à parler comme eux, à rire haut et fort, à claquer les assiettes les unes contre les autres. On s’amuse en oubliant un peu qu’un bébé dort à l’étage et bien souvent, Coquillette ne se réveille pas. On en prend conscience et on s’en réjouit et pourtant, le soir suivant, à nouveau seuls, on recommence à prendre les mêmes précautions.

Et vous, vous connaissez ce syndrome du Roi du Silence ? Racontez-moi !